Pour beaucoup de dirigeants de PME, entendre parler de comptabilité c’est un peu se retrouver lâché en terre inconnue, mais avec en plus pour certains la mauvaise surprise de voir que le traducteur n’est pas vraiment à la hauteur de la tâche. Nous l’avons tous vécu, parfois les choses les plus simples expliquées de la façon la plus compliquée deviennent comme des montagnes au milieu du désert… en un mot … infranchissables.

Tout au mieux, certains se disent que la comptabilité, de toute façon on n’a pas le choix, il faut en passer par là et ils n’ont pas tort. En effet, en dehors de la micro-entreprise (ou régime auto-entrepreneur) qui peut se contenter de tenir des registres simples, la tenue d’une comptabilité est obligatoire pour toutes les entreprises. C’est elle qui permet de calculer le bénéfice imposable des entreprises. Selon les formes juridiques et le volume d’activité, les obligations comptables seront en revanche plus ou moins contraignantes.

Même si, par ailleurs, la tenue d’une comptabilité permet de remplir bien d’autres rôles, tels qu’enregistrer le détail des dépenses ou connaître le solde de chaque client, elle reste bien souvent accrochée à son image de complexité, voire d’austérité.

Alors, quand votre responsable comptable vient vous parler de ses envies de comptabilité analytique, j’imagine qu’au fond de nombre d’entre vous plane un certain scepticisme ou un léger désintérêt. Et surtout vous vous dîtes qu’on vous vend encore un projet au long cours, donc vous ne verrez peut-être jamais les fruits.

La « comptabilité analytique » : c’est compliqué ?

Et bien détrompez-vous, à l’instar de sa grande sœur la comptabilité que l’on dit générale, la comptabilité analytique est bien plus simple qu’il n’y paraît et recèle des trésors insoupçonnés. Laissez moi vous en donner un rapide aperçu.

En premier lieu, contrairement à la comptabilité générale évoquée plus haut, la comptabilité analytique n’a pas de caractère obligatoire, la tenue d’une comptabilité analytique est donc purement facultative. Est-ce à dire qu’elle n’est pas indispensable ? A voir.

A quoi ça sert alors ?

A la différence de la comptabilité générale qui s’intéresse à la nature des dépenses et des recettes, la comptabilité analytique va au contraire s’intéresser à la destination de ces mêmes mouvements. Quelques exemples :

  • exemples de comptes généraux : les achats de marchandises, les achats de sous-traitance, les ventes de services, les produits financiers, … ce qui différenciera chacun de ces comptes sera en grande partie la nature même de la dépense ou de la recette considérée.

  • exemples de comptes analytiques : le service commercial, le projet A, le produit M, l’activité R … il s’agit ici de comprendre et de suivre à quel objet se destine telle dépense ou telle recette.

La mise en place d’une comptabilité analytique permet ainsi à l’entreprise d’avoir une meilleure connaissance des dépenses qu’elle engage et des revenus qu’elle génère. Si la comptabilité générale permet déjà d’identifier les éléments qui concourent à la formation du résultat, en détaillant les types (ou natures) de dépenses et de recettes, la comptabilité analytique permet de produire l’information de façon plus pertinente au regard de l’activité ou de l’organisation de l’entreprise : résultat pas produit, résultat pas atelier, …

Chaque revenu généré par l’entreprise sera rapproché des coûts qui ont permis de le constituer. La comptabilité analytique constitue donc un outil important pour le pilotage de l’entreprise car elle est une source d’informations qui doit permettre de prendre les bonnes décisions pour améliorer la performance.

La comptabilité analytique est ainsi un mode de traitement des données (enregistrement + analyse) dont les objectifs essentiels sont :

d’une part :

  • de connaître les coûts des différentes fonctions assumées par l’entreprise,

  • de déterminer les bases d’évaluation de certains éléments du bilan,

  • d’expliquer les résultats en calculant les coûts des produits (biens et services) pour les comparer aux prix de vente correspondants,

d’autre part :

  • d’établir des prévisions de charges et de produits (coûts préétablis et budgets d’exploitation, par exemple),

  • d’en constater la réalisation et d’expliquer les écarts qui en résultent (contrôle des coûts et budgets).

 

D’une manière générale, la comptabilité analytique doit fournir tous les éléments de nature à éclairer la compréhension des performances et faciliter la gestion de l’entreprise.
L’absence de comptabilité analytique peut dans ce cas avoir de lourdes conséquences :

  • sur la gestion de l’entreprise : une méconnaissance des coûts des produits est susceptible d’induire des décisions préjudiciables par exemple lors de la fixation des prix ou du choix d’abandon d’un produit

  • au plan fiscal : l’absence de comptabilité analytique prive l’entreprise de nombreux niveaux d’analyse qui justifient pourtant certaines options comptables (dépréciation de stocks, R&D, …), sources de risques ou de pertes d’opportunité en matière fiscale.

Vous le voyez donc, mettre en place une comptabilité analytique pour votre entreprise, quelle que soit sa taille, c’est vous doter de précieux instruments d’analyse, de compréhension et de pilotage.

Comment la mettre en oeuvre ? S’agit-il de tenir deux comptabilités parallèles ? Quels moyens mobiliser et pour quel budget ? … Ça nous le verrons dans une 2ème partie

Accompagnement et formation

 

A suivre …